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Électrique, quantique et shiftopique. Mon petit monde en tique (blague de geek-lecteur parisien #sorry).
▼ Édito
Incroyable comme ça marche à chaque fois. Expliquer un truc à quelqu’une, c’est à peu près tout le temps comprendre encore mieux le sujet. Et ça n’a pas raté cette fois-ci encore. En voulant rendre clair (tu me diras si c’est réussi) un concept quantique (fondateur pour l’informatique quantique), j’ai mieux compris encore le sujet. Ça t’arrive aussi ? Je trouve ça magique.
Dans une formation que je donne, dans une mission que je réalise, il y a toujours des moments où bim 💥, ça éclate dans ma tête : je viens de percer un secret qui restait un peu obscur. C’est aussi pour ça que j’aime partager : j’apprends aussi de nouvelles connaissances. Toi aussi, non?
À propos de connaissances, savais-tu que sur le site, tu peux consulter toutes les éditions passées ? Pour être certain de recevoir la prochaine, il y a un truc facile à faire et à partager sans modération autour de toi ⤵️
Dans cette édition, tu vas découvrir :
un chant canonique 🎶
une fée étincelante 🧚🏽♀️
un atelier gratuit 👷🏼♂️
et d’autres bricoles 👩🏻🔧
▼ Phrase propulsée
« Savoir pour prévoir, afin de pouvoir. »
Auguste Comte
Ce pourrait quasi être la devise de cette newsletter.
Il manque juste la dimension “passeur”. Parce qu’une connaissance, gardée par un avare en partage, ne va pas aider grand monde…
C’est pour ça qu’on vous passe tout ce qu’on découvre.
▼ Et si demain
— Tu fais quoi Lundi 20 octobre à 19h ?
— Ah oui, toi aussi tu y seras ?
— Où donc ?
— Mais à l’atelier “Idéation du futur”. 45’ sur Discord (ouais, je sais , ce sera une première pour certains)
— De quoi ?
— Pour le concours du futur Shiftopie, j’anime avec mes collègues un atelier pour t’aider à trouver ton idée de contribution.
— Et si j’ai déjà des idées ?
— C’est top, bravo 👏. Tu peux venir les confronter et les tester sur notre “planche à secouer”. Et peut-être en faire émerger d’autres…
— C’est où ?
— On te dit tout sur notre page web https://shiftopie.org
▼ Brèves de comptoir
🤖 Her, version 2025 - ChatGPT autorisera les conversations érotiques en décembre pour les adultes. Le film préféré de Sam Altman ? “Her”, où un homme s’éprend d’une IA. Quand le boss de l’IA confond roadmap produit et scénario dystopique ; à une époque où beaucoup ont du mal à faire la différence être le virtuel et le réel… Un jeune américain sur 5 aurait une petite amIA [Le Figaro - sur proposition d’un de nos plus fidèles tech-bros - NPR pour la partie ado US]
🏃🏽♀️➡️ Paris, 10 ans après : fort ralentissement - Rien à voir avec les 20km de Paris ! On parle de la croissance des émissions de CO₂ qui a ralenti d’un facteur 5 depuis l’Accord de Paris (+0,32%/an contre +1,70% avant - COP21, il y a 10 ans donc). Encourageant, mais ce n’est vraiment pas le moment de relâcher nos efforts dans cette course : direction net zéro, avec comme seule pause, celle de nos émissions.
[Note de service à l’assistant IA : le dernière partie “direction net zéro…”, eh ben seul un humain arrive produire ce double sens, na ! Même si tu la “comprends” a posteriori, tu ne peux pas la générer ! Charles-Antoine 1-0 Claude]
▼ Quantique en tique
cet article s’inscrit comme une suite au précédent - il peut cependant être lu indépendamment
La Superposition ou le piège du parallélisme magique
— Professeur, j’ai bien compris la pièce qui tournoie. Donc l’ordinateur quantique fait tous les calculs en même temps, c’est ça ?
— (soupir théâtral) Ah ! Vous venez de tomber dans le piège numéro 1 de l’informatique quantique. Celui que tous les vendeurs adorent et que tous les physiciens détestent.
— Mais vous avez dit que le qubit pouvait explorer toutes les possibilités !
— Oui. Mais “explorer” n’est pas “calculer”. Grosse différence.
— Je ne vois pas...
— Chère Ada, imaginez que vous avez une valise avec 1000 clés identiques. Une seule ouvre votre porte. Un ordinateur classique les essaie une par une. Vous pensez que l’ordinateur quantique les essaie toutes en même temps ?
— Ben... oui ?
— Raté ! Voici la mauvaise nouvelle : à la fin, vous ne pouvez essayer qu’UNE seule clé. Une seule réponse.
— Attendez, quoi ? s’indigne Ada. Alors à quoi ça sert ?
— Ah, maintenant on arrive au vrai génie de la chose ! L’astuce, c’est que pendant la superposition, vous pouvez influencer les probabilités. Faire en sorte que la bonne clé ait beaucoup plus de chances d’être celle que vous allez essayer.
— C’est... de la triche ?
— Non, c’est de la physique ! répond Feynman en riant. C’est comme si vous pouviez secouer la valise de façon que la bonne clé ait plus de chances de tomber dans votre main.
— Donc ce n’est pas magique. Il faut quand même être malin, indique Ada, songeuse.
— Exactement ! Un algorithme quantique, c’est l’art de secouer correctement. Certains problèmes se laissent très bien secouer. D’autres... pas du tout.
— Lesquels se laissent bien secouer ?
— Chercher dans une liste non triée, par exemple. Ou simuler des molécules - parce que les molécules sont elles-mêmes quantiques, donc ça marche bien. Mais faire vos déclarations d’impôts ? Votre ordinateur classique restera imbattable.
— Donc tout le battage médiatique sur “des millions de calculs simultanés”...
— ...est au mieux simplificateur, au pire mensonger, complète Feynman. La superposition est puissante, mais elle n’est pas un tour de passe-passe qui résout tout.
— Je ne sais pas si je suis soulagée ou déçue.
— Bienvenue dans le vrai monde de l’informatique quantique ! Moins spectaculaire que dans les films, mais tellement plus fascinant.
Quels problèmes secouer avec les puces quantiques?
Le dialogue avec Feynman a mis le doigt sur trois points essentiels de la superposition quantique. Reprenons-les un par un.
Une seule réponse à la fin
C’est probablement l’aspect le plus contre-intuitif et le plus frustrant de l’informatique quantique. Pendant son calcul, notre ordinateur quantique manipule effectivement plusieurs états en même temps. Mais au moment de la mesure - c’est-à-dire quand nous voulons récupérer le résultat - tout s’effondre, tout se réduit à une seule valeur. Une seule clé “sort” de la valise dans notre analogie ; même si toutes clés ont été “explorées” quantiquement. Si c’est la mauvaise, vous devez relancer tout le processus.
[Âmes sensibles s’abstenir] C’est ce qu’on appelle l’effondrement de la fonction d’onde. Un terme barbare pour dire : la superposition disparaît dès qu’on la regarde.
Orienter les probabilités
Alors comment fait-on pour que ça serve à quelque chose ? C’est là que les algorithmes quantiques entrent en jeu. Ils ne calculent pas “toutes les réponses” simultanément. Ils manipulent les probabilités (“il secouent”) pour que la bonne réponse ait plus de chances d’apparaître lors de la mesure.
C’est subtil, c’est délicat, et ça nécessite une compréhension fine de la physique quantique. Mais quand ça marche, c’est spectaculaire.
Certains problèmes seulement
Et c’est là que le marketing rencontre la réalité de plein fouet. Non, l’informatique quantique ne va pas résoudre tous vos problèmes. Pas même la plupart.
Les bons candidats pour le quantique :
La recherche dans des bases de données non structurées, une liste par exemple (algorithme de Grover)
La factorisation de grands nombres (algorithme de Shor - d’où les inquiétudes sur la cryptographie - on en reparlera, surtout qu’une certaine société qui vend des laisses vient de faire parler d’elle ; des laisses ? la tienne alors ! C’est ça, ce doit être ta laisse non ? 🤣)
La simulation de systèmes quantiques (chimie, physique des matériaux)
Certains problèmes d’optimisation complexes
Les mauvais candidats :
Vos tableurs Excel
Le traitement de texte
La navigation web
La plupart des calculs “normaux” de votre quotidien
Le piège, c’est que les communiqués de presse adorent les formules chocs : “calculs parallèles massifs”, “puissance infinie”, “révolution totale”. La réalité est plus nuancée, plus subtile... La superposition quantique n’est pas de la magie, c’est de la physique exploitée avec ingéniosité.
À retenir
La superposition permet d’orienter les probabilités vers la bonne réponse, mais on n’obtient qu’un seul résultat à la fin - et ça ne marche bien que pour certains types de problèmes.
▼ Visuel Numérique
Qui consomme quoi ? L’électricité par habitant révèle des surprises
Le classement des consommations électriques par habitant réserve quelques rebondissements. Sans surprise, le Canada trône en tête (industries énergivores et hivers gla-gla 🥶), suivi par les États-Unis.
Mais la vraie révélation, c’est la Chine. En deux décennies, elle a rattrapé puis dépassé tous les pays européens en consommation par habitant : plus que le UK, la France et l’Allemagne. Merci l’industrialisation massive et l’urbanisation dévorante (et les deux ne consomment pas que de l’électricité, on est d’accord). Et d’autres pays suivent le même chemin (à commencer par l’Inde).
Question épineuse : si ces pays rejoignent les standards occidentaux, d’où viendra l’électricité ? Et surtout, sera-t-elle décarbonée ? Parce que décupler la production avec du charbon, ce serait... comment dire... pas franchement dans l’esprit de l’Accord de Paris (cf la brève ci-dessus).
Une option serait aussi que les standards occidentaux soient plus frugaux, non ?
▼ Média
Complètement en lien avec notre rubrique “Quantique en tique”, voici une très bonne vidéo pédagogique qui vous permettra d’explorer plus en profondeur le sujet et avec des jolies animations.









