PdF 25-07>33
Libre. Encore une édition qui est sous-tendue par la liberté : de penser, de réfléchir, de faire, de s'interroger... et de prendre des congés !
▼ Édito
On ne vous laisse pas sans rien lire cet été : on vous a concocté une rubrique pour la tête et pour tous les styles en fin d’édition. Mais on a d’autres sujets avant…
Cher nouvel abonné, cet été, pourquoi ne pas accompagner les nouvelles abonnées dans l’exploration des archives de cette première année sur le site ?
Et si vous voulez être certain de recevoir la prochaine, il y a un truc facile à faire : vous abonner et faire le cadeau de cette newsletter à votre entourage ⤵️
Dans cette édition, vous allez découvrir :
un Aspect intéressant 📖
un dé si malin 🎲
un nouveau mot 🈚️
et d’autres bricoles 👩🏻🔧
▼ Phrase propulsée
« Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage. »
Périclès
VIème siècle BC quand même. Et quand on lit un peu sa bio, il n’est pas sans lien avec Thucydide (historien grec de la même époque, accusateur de Périclès et surtout connu aujourd’hui pour le “Piège de Thucydide”). L’historien accuse le stratège de détournement de fonds (tiens, déjà?) de la Ligue de Délos. Or Delos est une des boîtes d’IA 🇫🇷 que je recommande souvent (pro bono).
On vous avait prévenu que vous ne seriez pas en reste de sujets pour l’été…
▼ La minute méthodo
Une stratégie maligne pour déployer la genAI en entreprise
On a déjà parlé ici des différentes manières d’introduire l’IA en entreprise. Parfois avec brio, parfois dans une voie de garage bien tapissée de bonnes intentions.
Aujourd’hui, j’aimerais partager une approche fine et bien vue, mise en place par mon ancien DSI, désormais en poste dans une très belle ETI. Je précise aussi que lorsqu’un DSI est en charge du déploiement de la genAI, je redouble de vigilance tant j’ai vu des approches techniques du sujet et leurs échecs déplorables. Mais là, c’était lui : le gars qui m’avait orienté vers le Design Thinking dès 2009… total respect.
Il a donc démarré là où il faut commencer : le Comex. Objectif double – et parfaitement mené :
les acculturer à la genAI (avec du concret, mais aussi ce qu’il faut de conceptuel),
les convaincre de sponsoriser un programme de déploiement structuré.
Je précise que le premier point cache un piège : si le Comex est juste acculturé mais n’introduit pas la genAI dans ses propres pratiques, c’est la faillite probable. Un peu comme il y a quelques années, lors de la grande vague de transfo digitale, des patrons faisaient imprimer leurs mails (sur papier, si si) et annotaient au crayon papier leur réponse. J’vous jure (c’était il y a moins de 10 ans dans plusieurs BU d’un grand groupe).
Une fois ce soutien décroché (indispensable si on veut éviter le syndrome “forever PoC”), deux “streams” distincts ↖️ ↗️ mais complémentaires ont été mis en place :
↖️ Stream 1 : ‘Autonomiser’ les collaborateurs sur la genAI du quotidien.
(que ce mot est laid, paternaliste et condescendant mais court)
Cela passe bien sûr par les classiques : information, sensibilisation, formation, puis mise à disposition d’une boîte à outils interne. Et là, il a vu grand :
→ un équivalent de ChatGPT déployé en interne (hello confidentialité),
→ la possibilité pour chacun de créer (et partager) ses propres assistants IA.
Pas juste “fais un bon prompt” mais bien la perspective d’adapter (adopter) la genAI pour leurs usages et celui de leurs collègues.
↗️ Stream 2 : Intégrer des solutions IA profondes dans les métiers.
C’est le terrain des “AI Agents” (aka Agents AI - même si des subtilités existent entre les 2 termes). Ce volet est bien sûr piloté par les équipes tech… mais (heureusement) pas uniquement !
Erreur fatale que de leur laisser les clés du train (y a des clés sur un train d’ailleurs ?). Ce déploiement est conduit métier par métier, en binôme avec la DSI. Pas en mode silo, mais avec coordination transversale quand un process touche plusieurs fonctions.
✌️ Ce double mouvement (outillage individuel + intégration métier) a deux effets redoutablement vertueux :
les collaborateurs deviennent autonomes, pas juste formés à “bien prompter” (ce qui, vous connaissez ma théorie sur le sujet, est appelé à disparaître pour le communs des collaborateurs).
lorsqu’une brique IA est intégrée à une application, les utilisateurs sont déjà familiers avec les concepts, les logiques et les usages. Ils sont donc en mesure de proposer des idées, d’enrichir les cas d’usage, et surtout : de devenir acteurs du changement, pas juste cobayes ou freins. On ajouterait volontiers qu’ils ont conscience des biais des IA et de l’indispensable vigilance intellectuelle à maintenir face aux propositions de la genAI.
Et le meilleur dans tout ça ?
Pas besoin d’attendre un outil magique ou un budget pharaonique. Juste une vision claire, une vraie coopération entre tech et métiers, et un peu d’audace dans la mise en musique. En plaçant les humains au centre. Design Thinking en empathie je vous disais.
▼ Réflexion Interrogative
Réflexion interrogative
Et si on arrêtait de parler “d’IA” ?
On dit souvent : « l’IA permet de traiter tel cas d’usage », « l’IA a donné une réponse intéressante », ou encore « l’IA va tout changer » (celle-ci, on la connaît par cœur).
Mais… si on arrêtait un instant de dire “l’IA fait ceci ou cela” ?
Et si, à la place, on s’intéressait à la fonctionnalité qu’on a réellement utilisée ? Parce qu’en vérité, l’IA n’est qu’un ensemble de techniques. Ce qui compte, ce n’est pas la techno elle-même, mais ce qu’on en fait et pour qui on le fait (ce qu’elle permet à l’utilisateur de faire, de comprendre, ou de transformer).
Et si on utilisait un autre terme ? Moi, j’aime bien parler de SoIA : Système ou Solution outillée par l’IA.
Pourquoi ? Parce que ça déplace le curseur. On ne parle plus de techno brute, mais d’un dispositif pensé, utile, utilisé, utilisable. Et en bonus, on garde quand même un petit “IA” pour faire grimper le taux d’ouverture de la newsletter (poke pour le marketing…).
C’est dans cet état d’esprit que j’ai découvert cette semaine, au détour de LinkedIn, une phrase très juste de Nicolas Declerck :
… un critère fondamental pour le choix d'un cas d'usage IA : si l'IA n'est pas capable de répéter de façon cohérente une même réponse à une question posée plusieurs fois, elle n'est sans doute pas qualifiée pour y répondre.
Avouez : ça mériterait de figurer dans un PV de recette, non ? (poke pour les cheffes de projet)
Bon, mon esprit contrariant a tout de suite pensé à des exceptions (on ne se refait pas).
Prenons la création, par exemple. Oui cher Luc Julia, je sais : les genAI ne “créent” pas, elles “génèrent”. Mais dans certains cas, justement, avoir des réponses différentes à une même question peut ouvrir des pistes insoupçonnées. Ça élargit le champ. Ça stimule l’imagination. Ça surprend. Et c’est très bien comme ça.
Mais dans l’immense majorité des cas métiers, je suis en phase avec la règle de Nicolas.
Et d’ailleurs… ce n’est pas une simple “IA” qui pourra la respecter. Un LLM brut, seul dans son coin, échouera souvent. Pour passer ce test, il faut du contexte, de la structure, de la rigueur. Bref : il faut une SoIA.
Autrement dit : si votre solution IA ne passe pas ce test de cohérence, peut-être qu’elle n’est pas encore une vraie solution. Mais juste une techno brute qui attend d’être intégrée, pensée, augmentée.
Et vous, vous avez déjà vu une SoIA échouer ce test ?
▼ Visuel Numérique
La liberté dans le monde en 2025 : un privilège ?
Le dernier rapport de Freedom House cartographie l’état de la liberté dans 210 pays et territoires. Verdict : moins de 1 humain sur 5 vit aujourd’hui dans un pays réellement libre. Et depuis près de 20 ans, la tendance est au recul.
Mais une question doit se poser : c’est quoi, au fond, “être libre” ? Voter ? Critiquer son gouvernement sans finir en prison ? Accéder à une presse indépendante ? Avoir le droit de manifester, d’aimer, de penser différemment ? Et pour qui cette liberté est-elle vraiment pensée ?
▼ Quoi de neuf chez Future Path ?
Il arrive. Il est quasi sous presse. Derniers fignolages en cours.
Pour les relectrices attentionnées et les relecteurs vigilants, depuis votre intervention, j’ai basculé le manuscrit de Word (cette … infinie - je me refuse toujours à utiliser l’émoji scato) à un outil pro pour l’édition (Affinity Publisher dans mon cas - équivalent en beaucoup moins cher d’InDesign et Européen) : quel bonheur.
Tout est facile avec ce type d’outil. Deux petits exemples :
faire une table des matières par chapitre dans Word, c’est vraiment pénible (si vous rencontrez le cas : il faut écrire le chapitre d’abord, puis sélectionner tout le texte du chapitre, en faire un signet et ensuite patcher la macro de la TdM pour la restreindre à ce signet… #seriously?).
un truc qui va plus vous parler : mettre des images flottantes dans un texte Word… Ah, je vois qu’il y en a qui ont déjà souffert. Elle est passée où mon image ? Pourquoi tout est décalé?
Dans Powerpoint, on a des templates de slide. Qu’on peut appliquer comme on veut. Dans Word, on a des sections. Et là aussi, faut y aller avec doigté (on coche ou pas la case “identique au précédent” et “première page différente”…). Dans un outil pro, vous avez des templates de page (ça s’appelle une maquette).
Et puis, comme le montre le visuel ci-dessus, ces outils sont orientés création de livre/livret/magazine : brèfle de trucs qui se lisent comme un livre : une page de gauche et une page de droite.
Donc une dernière relecture et je vous l’offre très vite.
P.S. : si vous trouvez que je fais trop de Microsoft-bashing, voici un petit truc amusant :
▼ Média
Pour les vacances, faisons le plein de belles choses pour les yeux, la tête et les oreilles.
Tout d’abord deux livres : un à lire, un dévoré.
Le dernier livre d’Alain Aspect : Et si Einstein avait su. Celui-là, il part dans mes bagages (et ce n’est rien de le dire car il est en compagnie de 23 autres 🤓). Il m’est recommandé par mon ami de 30 ans, qui toutes les semaines me demandent si je l’ai lu… Et il ne s’est jamais trompé sur ses reco. Merci Willy. Ajoutons un argument de poids : il vient de devenir Immortel 🗡️.
Géostratégix, l’intégrale : auteur Pascal Boniface de l’IRIS et illustration de Tommy - chez Dunod. Un livre, que dis-je ? Une BD plutôt. Ou un documentaire. Ou une somme d’illustrations très bien faites sur un texte très pédagogique. Un peu tout ça en réalité. J’en ai lu un petit bout chaque week-end sur plusieurs semaines, comme une confiserie qu’on veut faire durer le plus longtemps possible. Bonne dégustation.
Deux podcasts découverts très récemment et qui figurent déjà en haut de ma liste écléctique des écoutes prioritaires
Le podcast de Daphnée Lucenet : IA Ethique Insider (en FR). Daphnée tient à la fois un podcast nécessaire et passionnant et une newsletter (les sujets sont profonds et n’ont rien à voir avec le café du commerce de l’IA ; pour exemple l’épisode du début du mois sur IA et Climat). Entretiens avec des personnalités qui ont des trucs importants à dire et que Daphnée interviewe avec bienveillance et intelligence réelles.
Le podcast d’Homéric de Sarthe : Let’s talk about U (en FR). Homéric reçoit des invités épatants (oui le mot sonne vintage, mais si vous trouvez un autre qualificatif, dites-le moi - et puis j’aime bien ce côté suranné) qui façonnent le monde et racontent leur vie. C’est passionnant et on aimerait que ça dure plus longtemps.
J’espère que ces podcasters ne m’en voudront pas de donner une petite astuce à mes lecteurs. Si la durée de chaque épisode vous intimide (on est dans la tendance actuelle de laisser filer les échanges, de permettre aux débatteurs d’installer leurs réflexions - ce qui donne au minimum une heure d’écoute), je vous recommande de passer en x1,25 ou 1,5 (pour les habitués de cette technique, on peut pousser à x1,75 voire x2 en fonction des invités).
Petite question pour l’été : combien dure l’écoute d’un épisode d’1h en x1,5? Idem avec x1,75 (sans IA, sans machine, juste la tête et peut-être un papier-crayon pour poser l’équa-diff du deuxième ordre 🤭)
Et je termine avec des devoirs de vacances : je vous propose la lecture d’un papier de recherche sur “Future of Work with AI Agents” dispo sur arXiv (si vous n’êtes jamais allé sur ce site malgré les nombreuses références que Passeur de Futur a faites, avez-vous remarqué le favicon? Perso, ça m’aide beaucoup dans ma barre de 40 onglets ouverts par fenêtre par navigateur 😵💫). Pour revenir sur le papier, il ne faut pas se laisser impressionner si vous n’avez jamais lu un papier de recherche : il y a des réflexions utiles et accessibles entre 2 équations ou protocole de recherche. On en reparle à votre retour. Pour ma part, je vais décortiquer le tableau page 5 (en miniature ci-dessus).
▼ Si vous en prenez, bonnes vacances
On se retrouve fin août au plus tard (avec peut-être une incursion durant l’été, histoire de ne pas laisser refroidir votre filtre anti-spams).
Enjoy et bon repos avec vos proches.