PdF 25-05>23
On fait une pause ? Une pause pour assister à une conférence, pour se questionner sur des pratiques, ou pour ...
▼ Édito
La suite de notre scénario de prospective est parfaitement inattendue. Tout autant que certaines des saillies entendues lors d’une conférence cette semaine.
Ce mois-ci, il y aura 5 éditions de Passeur de Futur (ce n’est pas courant : la dernière fois était en janvier, la prochaine en octobre). Trois d’entres elles tomberont un jour férié : c’est exceptionnel et cela vous donne du temps pour la lire et réfléchir aux 3 personnes auxquelles vous expliquerez pourquoi la lire et s’abonner. ⤵️
Dans cette édition, vous allez découvrir :
On fait des quotes 💭
On fait des collages 🥕
On pense à Ted 👷🏼♂️
et aucunes bricoles 👩🏻🔧
▼ Phrase propulsée
« J'ai crevé l'oreiller
J'ai dû rêver trop fort
Ca m' prend les jours fériés. »
Vertige de l'amour (Interprété par Alain Bashung) de Boris Bergman
J’espère que vous avez profité d’une belle grasse matinée (peut-être êtes-vous en train de lire ces lignes pour votre petit-déjeuner).
▼ La minute méthodo
Post-it, mon amour… ou pas !
J’ai connu un manager qui, très sérieusement, considérait que le nombre de Post-its consommés par son centre d’innovation était le meilleur indicateur de la créativité de son équipe. J’ai toujours été extrêmement circonspect face à cet indicateur… comme face aux Post-its eux-mêmes, d’ailleurs. Depuis, j’ai mis un peu d’eau dans mon huile.
L’évasion par les post-its
Parce que oui, les Post-its peuvent être utiles : ils donnent aux participants l’impression de changer de dimension. On quitte l’horizontalité du bureau pour conquérir la verticalité des murs, bientôt tapissés de ces pestes colorées — pardon, de ces autocollants bariolés.
Derrière cette pratique, plusieurs questions méritent d’être posées :
Toute idée est-elle bonne à noter ? À discuter ?
Tout Post-it mérite-t-il d’être conservé comme un vestige sacré de l’atelier ?
Cette trace sert-elle réellement l’objectif du projet ?
Quand j’organise un atelier en toute autonomie, je n’impose pas l’usage des Post-its.
Ils sont disponibles, mais je privilégie d’autres supports pour tracer l’évolution de la réflexion, stimuler une créativité organisée et conserver ce qui servira vraiment. (Spoiler : je vous en parlerai dans la prochaine Minute Méthodo.)
Mais restons sur les Post-its, voulez-vous ?
Il m’arrive d’intervenir avec des collègues fervents défenseurs du petit carré autocollant. Et je dois reconnaître qu’on leur a trouvé un usage maîtrisé et malin en atelier :
Post-its classiques (format standard - les carrés ou les rectangulaires) : utilisés pour le tout-venant des idées. Rien de précieux, juste du brut. Les participants écrivent en MAJUSCULES pour faciliter la relecture.
Post-its grands formats (type A5) : réservés à deux étapes stratégiques :
Créer des catégories en regroupant plusieurs idées sous un même thème
Reformuler un ensemble de Post-its bruts (souvent sous forme de questions),
Exemple frais et chiffré
On part d’une centaine de Post-its bruts (les jaunes)
On écarte 20% d’idées anecdotiques, on identifie 10 à 15% de redondances, et il reste environ 60 idées distinctes.
Ces idées sont assemblées en 8-10 grandes catégories (nommées sur les Post-its A5 d’une couleur spécifique - ici en orange).
Puis, pour chaque catégorie, on synthétise 3 à 4 questions clés (encore des Post-its A5, mais d’une autre couleur - en rose sur l’image).
Enfin, pour décider où concentrer nos efforts, nous utilisons un Post-it géant (format A2), sur lequel on trace une bonne vieille matrice 2x2.
C’est simple, visuel et terriblement efficace.
En résumé ?
Les Post-its, oui… mais pas n’importe comment.
L’important n’est pas d’en coller partout — c’est de savoir à quoi ils servent et ce qu’on en fait ensuite. (spoiler : les LLM sont très efficaces à relire les photos de grappes de post-its 😅)
▼ Réflexion Interrogative
“ Vos enfants seront la première génération moins intelligente que des IA “
J’aurais pu classer ce sujet dans la rubrique Media, mais elle était déjà prise… Et puis, tout ça me pose bien trop de questions pour le laisser passer.
D’abord, qu’est-ce que l’intelligence, exactement ? Rassurez-vous, je ne vais pas tenter de répondre. Déjà que je m’interdis de définir l’IA, alors l’IH (Intelligence Humaine), vous pensez bien… Et il faudrait aussi parler des autres formes d’intelligence dans le vivant. Brèfle, passons.
Cette phrase-choc est donc extraite du dernier épisode du podcast Silicon Carne, qui propose un excellent débrief de TED 2025. Avant que toutes les vidéos ne soient disponibles, cet épisode résume les grandes tendances — autant dire : beaucoup, beaucoup d’IA.
Tellement que Michel Lévy-Provençal (le boss de TEDx Paris, qui a assisté aux 5 jours de TED - les lunettes sur la photo) a fini par demander à la version la plus avancée de ChatGPT :
“Que nous restera-t-il en tant qu’humains lorsque l’AGI et les humanoïdes deviendront réalité ?”
(Rappel utile : l’arrivée réelle d’une AGI reste très controversée.)
La réponse de ChatGPT, en cinq points, mérite réflexion :
L’expérience sensible
La volonté propre (désir, intention…)
La responsabilité morale vécue (honte, remords, éthique)
L’expérience de la finitude (savoir que l’on va mourir — et donc ressentir, désirer)
Le rapport à l’autre (recherche de reconnaissance sociale)
Vous en pensez quoi ?
(Bon, je sais que vous ne me répondrez pas. C’était une question rhétorique)
Avant de refermer cette rubrique, une autre perspective : Yann Le Cun, notre chercheur 🇫🇷 star de l’IA chez Meta, nous dit que les IA futures devront progresser sur quatre axes (parce que, selon lui, les LLM actuels sont déjà dépassés) :
La mémoire (courte et longue)
La physique (comprendre l’environnement réel)
Le raisonnement (ah ? ChatGPT ne raisonne pas vraiment ? On m’aurait menti 🤥 ?)
La planification
Étrange, non, comme ces deux listes font écho l’une à l’autre ?
▼ Quoi de neuf chez Future Path ?
🗓️ La semaine prochaine, le 7 mai, c’est la conférence Lead Innovation Day. La plus grosse difficulté sera de faire des choix entre tous les talks et ateliers proposés (pas moins de 6 tracks en parallèle…).
De notre côté, on va proposer un petit exercice amusant sur la base de notre méthode From Zero to AI, avec tout plein de Canevas qui seront révélés en avant-première! (waow, ce teasing pourri est entièrement de ma responsabilité - sorry). Il est possible que j’ai encore des invit gratuites…🤫
On vous en parlera dans la rubrique Méthodo bien entendu.
▼ Média
Un petit tour du côté d’une conf non tech sur l’IA
La conférence Maddyness sur l’IA de mardi 29 avril offrait un joli condensé de notre époque : de la lucidité, du marketing et quelques provocations.
Jolie table ronde sur l’Open Source (et ses dérivés Open Science, Open Data, Open Hardware) avec des intervenants au background très chercheur - top intéressant. Le vrai différenciateur de l’IA selon tous réside dans les données d’entraînement. Lesquelles font partie des 3 piliers : Talents, Données et Compute. Ce dernier pesant d’ailleurs pour 60 % des coûts.
Ce qui rend le tableau encore plus ironique : une bonne partie des investisseurs dans l’IA sont aussi des vendeurs d’infrastructure (coucou NVIDIA, Microsoft et AWS ). Traduction : ils transforment tranquillement leurs investissements en chiffre d’affaires. L’art de se faire payer deux fois.
L’IA, nous a-t-on glissé au détour d’une analogie, serait à notre cognition ce que l’électricité fut à nos bras/jambes.
Côté entreprise, un intervenant a lancé (pour provoquer) qu’on verrait bientôt débarquer des Head of Prompt. Double erreur, IMHO : 1) le prompt est voué à disparaître (cf notre série débutée ici) ; 2) l’IA doit s’intégrer métier par métier, pas en bloc. Personne n’a jamais embauché un Head of Excel, si?
Petite flèche décochée à Microsoft au passage : cette même entreprise qui a tant combattu Linux repose aujourd’hui à 98 % sur ce dernier pour son cloud Azure. On a les ironies qu’on mérite.
Dans les métiers créatifs aussi, quelques insights intéressants : une intervenante d’une grosse boîte de production audiovisuelle nous expliquait que l’expérience est clé pour bien prompter. Une bonne nouvelle pour les seniors, donc 🙋🏼. Et une autre intervenante de proposer un paradoxe : vaut-il mieux embaucher une jeune diplômée avec sa petite armée d’agents IA ou un senior et son expérience ? (perso, mon optimisme m’inciterait à faire travailler tout ce petit monde ensemble).
Du côté d’OpenAI, la représentante a botté en touche : impossible de confirmer si, dans cinq ans, 20 % de leur chiffre d’affaires viendra des agents IA. Perso, je trouve ce prévision étonnamment basse. Rappelons-nous ce que l’AppStore représentait pour Apple à une certaine époque…
Et mon passage préféré : lors d’un panel sur la créativité, une intervenante a mis le doigt sur un vrai risque ; celui de la convergence vers 0 des contenus sur Internet si les IA continuent de s’entrainer sur des contenus produits par des IA. Pour mémoire, il semblerait qu’un moins 50% des contenus de LinkedIn soient générés par des IA, certains parlent de 70%. Reste à savoir si on parle de rédaction assistée ou de génération automatique bien fumeuse. Quoiqu’il en soit, elle a raison. Il faudra que les humains continuent de produire du contenu original. Ouf !
▼ Avant de partir, on revient la semaine prochaine 🤭
Nous avons une très belle égalité sur le scénario en cours. Il faut que je consulte les oracles pour savoir comment avancer dans une telle situation démocratiquement élaborée…
Vous auriez une idée?
On revient donc la semaine prochaine avec une solution…